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"Plus un arbre est long à pousser, plus il faut se hâter de le planter…"




 

Dans une époque chahutée où l'efficacité prétend résoudre tous les problèmes, où le court terme prévaut sur le long terme, où l'urgence confine parfois à la panique, il est grand temps de retrouver le temps long de l'éducation.

Lors de sa conférence de presse de la rentrée 2024, Philippe Delorme, Secrétaire général de l’Enseignement catholique, a rappelé que le projet de l’école catholique est un projet d’éducation intégrale.

Evoqué à plusieurs reprises dans le statut de l’Enseignement catholique (art. 3, 24, 36, 117), ce concept est pourtant encore assez mal connu des acteurs des communautés éducatives qui pour certains y voient au mieux une éducation de toutes les dimensions de la personne, au pire confondent avec une nouvelle technique de développement personnel, voire s’inquiètent de la consonnance avec le terme « intégrisme »…


Avant de parler d’éducation intégrale, arrêtons-nous un moment sur la notion de développement intégral de la personne humaine.

L’expression la plus synthétique de ce que recouvre cette réalité est formulée par Paul VI en 1967 dans Populorum progressio, encyclique dans laquelle il parle de promouvoir tout homme et tout l’homme : « Ce qui compte pour nous, c’est l’homme, chaque homme, chaque groupement d’hommes, jusqu’à l’humanité tout entière. ».

On le voit, il ne s’agit pas seulement de développer toutes les dimensions de la personne humaine (le corps, l’intelligence, le cœur…) mais également tous les êtres humains et donc, toutes les activités de l’être humain (économiques, sociales, politiques, culturelles…) afin de les ordonner à la recherche du bien commun.

Le développement intégral appelle donc le développement des dimensions personnelles (corporelles, intellectuelles, affectives, spirituelles, relationnelles, etc.) et – dans un même mouvement – les dimensions sociales (en équipe, en institution, en société…).


Dans son encyclique Laudato Si’, le Pape François évoque le développement intégral à partir de quatre relations : la relation à soi, la relation aux autres, la relation à Dieu et la relation à la Création (cf. n°240). Pas de développement intégral possible si l’une de ces composantes est mise de côté puisque nous rappelle-t-il : Tout est lié ! 

On pourrait résumer, en s’appuyant sur Paul Ricoeur et sa définition de l’éthique, en disant que le développement intégral c’est « la visée d’une vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes » pour contribuer à bâtir une société en paix, dans le respect de la Création (ou de la planète).


Qu'est-ce que l'éducation intégrale ?

Tout simplement le processus d’apprentissage des savoirs, savoir-faire et savoir être qui permettent de grandir dans cette perspective éthique de développement intégral.

Qu’allons-nous enseigner aux enfants de la maternelle au post-bac, qui leur permettra de devenir demain des adultes épanouis au service du bien commun ?

Comment allons-nous enseigner une bonne connaissance de soi indispensable à une juste estime de soi ?

Comment allons-nous leur apprendre, année après année, à travailler en équipe ? Traverser les tensions ? Gérer les conflits ? Être créatifs en utilisant l’intelligence collective ?

Comment leur enseigner l’esprit critique, la prise de recul, le discernement ?


Le statut de l’Enseignement catholique rappelle en son article 2 : « L’éducation se conforme à la vocation personnelle et sociale des hommes en leur permettant de grandir dans l’amour et la vérité et ainsi d’accéder à une vie pleine et libre, une vie digne de l’homme » (GS 9).


L’actualité nous démontre, de manière criante, qu’il est grand temps que l’éducation prenne toute sa place dans la rénovation des liens sociaux. Certains diront que le temps nous manque…

Nous leur répondrons avec ce proverbe africain : « Plus un arbre est long à pousser, plus il faut se hâter de le planter ».

Jérôme Brunet

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